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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/91

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le chien d’or

VI.

Philibert le regarda d’un air de mépris.

Allez ! ordonna-t-il, frappez à cette porte, il faudrait le tonnerre de Dieu pour anéantir cette effroyable orgie ! Dites que le colonel Philibert arrive avec des ordres de son Excellence pour le chevalier Intendant.

— Oui ! et qu’on vous serve un bref d’expulsion ! Pardonnez-moi, et ne vous fâchez pas, monsieur, supplia le notaire, je n’ose pas frapper à cette porte pendant qu’on chante la messe du diable. Les valets ! je les connais bien, allez ! les valets me plongeraient dans le ruisseau ou me poignarderaient dans le corridor même, pour amuser les Philistins. Je ne suis pas un Samson, votre honneur ; je ne serais pas capable de faire crouler le château sur leurs têtes. Je le voudrais bien, par exemple !

Philibert ne trouva pas mal fondée la crainte de son guide, et, comme un nouvel éclat de voix chargées d’ivresse retentissait sous les riches lambris, il lui dit :

— Restez ici jusqu’à mon retour, je vais y aller moi-même.

Il monta les larges marches de pierre, et frappa à plusieurs reprises, mais en vain. Il essaya d’ouvrir. À sa grande surprise la porte céda : elle n’était pas verrouillée. Pas un serviteur n’était là. Il s’avança hardiment. Une éclatante lumière éblouit ses regards. Le château était tout orné de lampes et de candélabres, et c’était en vain que les brillants rayons du soleil cherchaient à pénétrer dans ces lieux, la nuit se prolongeait jusqu’au milieu du jour, une nuit artificielle avec une pluie de lumières et une effroyable orgie.