Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE VII.

L’INTENDANT BIGOT.

I.

Depuis l’arrivée de l’Intendant Bigot, dans le château de Beaumanoir, il y avait eu bien des festins joyeux, des festins qui pourraient, à cause de leurs désordres, être comparés aux royales orgies de la régence, et aux débauches de Croisy et des petits appartements de Versailles. La splendeur et le luxe de ce château, ses fêtes interminables provoquaient l’étonnement et le dégoût du peuple honnête, qui mettait naturellement, en regard de l’extravagance de l’Intendant, les manières simples et les principes sévères du gouverneur général.

La grande salle, où se réunissaient d’ordinaire les convives, était brillamment éclairée par des lampes d’argent, suspendues comme des globes de feu, au plafond. Un pinceau habile avait écrit, sur ce plafond, l’apothéose de Louis XIV. Le grand monarque était entouré de tous les Bourbons, Condés-Orléanais, etc., jusqu’à la plus lointaine parenté. Sur le mur du fond, l’on voyait un portrait de grandeur naturelle, de la marquise de Pompadour, la maîtresse de Louis XV, et l’amie et protectrice de Bigot. La voluptueuse beauté semblait être le génie de ces lieux. Des tableaux de prix ornaient les autres murailles : Le roi et la reine ; la Montespan aux yeux si noirs ; la rusée Maintenon, et la belle et triste Louise de la Vallière, la seule qui ait aimé Louis