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Page:La Blondine ou avantures nocturnes entre les hommes et les femmes, 1762.djvu/13

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ſi l’on voulût demeurer inſenſible à la vûë de ce qu’il y a de plus beau ? qu’y a-t-il de plus charmant qu’une belle jeune fille, douillette, blanche et propre comme tu es ; le petit chatouillement que j’ai reſſenti, n’eſt rien, ſi on compare ce plaiſir, à celui que nous recevons des hommes, quand ils couchent avec nous ; auſſi les femmes honnetes apellent ce badinage, une laſciveté. C’eſt une autre affaire, quand un jeune garçon nous baiſe, il ſucce amoureuſement nos têtons, et nous pouſſe, que le lit dans lequel nous ſommes en fait bruit et que la chambre en tremble, quelquefois les fenètres en éclatent auſſi, moi je ſuis femme, je ne vous dis rien que je n’aye éprouvé moi-même, car la premiére nuit de mes nôces, que Rapineau me depucella, les eforts qu’il fit fürent ſi grands, que les voiſins couchant tout proche les entendirent fort clairement. Elle me prit encore par ma partie et en étendit les levres, j’y voi, dit-elle une fleur, dont la couleur et l’éclat emporte ſur le pourpre et ſur l’écarlate ; c’eſt un morceau de prince. Je lui dis, Lucile, retirez ce doigt lascif, ah ! vous l’avancez encore, vous me bleſſez, retirez-vous encore un coup, je vous en conjure. Elle me repondit, ah ! Toinette, j’ai pitié de toi, coquille prétieuſe, plus propre mille fois pour faire naitre les