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du dimanche 31 juillet au samedi 6 août. — 1870.

faite. Mais nous sommes battus et notre prestige est entamé. On sent qu’une large brèche est faite à la confiance publique et déjà chacun redoute quelque prochaine et terrible catastrophe.

On a remarqué que c’est le jeudi 4 août, jour où nous avons quitté Civita-Vecchia, que la fortune nous a abandonnés à Wissembourg et que nous perdions dans cette surprise plus de soldats que nous n’en reprenions au Pape. Pour ceux qui comprennent, le rapprochement est significatif et il n’est pas nécessaire d’en dire davantage. Quant aux autres, toute explication ne leur servirait à rien et je n’entreprendrai point de leur en donner. Seulement on peut dire que, s’il y a en ce moment un trône qui chancelle, ce n’est pas tant celui du Pontife délaissé au Vatican que celui du Souverain qui l’abandonne.

Cette journée du samedi comptera comme un moment terrible et fatal dans nos souvenirs. Près de nous, à la frontière, s’accomplissent les événements qui décident de notre sort. Aussi toutes les alternatives de la crainte et de l’espérance se partagent nos âmes, non préparées encore à de pareilles secousses. Dans la matinée, on était tout à l’allégresse. On parlait d’une splendide revanche du maréchal Mac-Mahon qui avait, disait-on, enve-