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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/106

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du vieux temps

Dans l’Isère, à la Tour-du-Pin, « la fête du printemps se termine, comme en Berry, par un repas champêtre que les bergers prennent ensemble dans un pâturage, et auquel la commune contribuait jadis en certains endroits[1]. »

« Autrefois, à Tulle, le lundi de Pâques, on allait à la Chapelle des Malades, manger des œufs que l’on appelait lous eous de Patsa (les œufs de Pâques) ; on y dansait[2]. »

Très-anciennement, à l’issue de la grand’messe de Pâques, les rois de France distribuaient des œufs dorés aux membres de leur famille et aux principaux dignitaires de leur cour. — Vers la fin du dernier siècle, les œufs rouges ou dorés du jour de Pâques avaient encore beaucoup de vogue à Paris ; mais on ne tarda pas à en altérer le caractère en leur donnant d’autres couleurs et en y peignant des sujets de fantaisie. On cite deux de ces œufs qui furent offerts par le comte d’Artois à la reine Marie-Antoinette, et qui passent pour de véritables objets d’art. Enfin, les confiseurs fabriquèrent des œufs de Pâques en sucre, tandis que les bijoutiers en faisaient en or, en émail, où l’on enfermait des joyaux de toute sorte, et que l’on donnait en cadeau à l’époque de Pâques.

L’usage des manches, plus ou moins modifié, se retrouve chez plusieurs peuples étrangers.

L’Allemagne, plus fidèle que la France aux vieilles traditions, a particulièrement conservé la mémoire de la fête aux œufs. — Tous les ans, le lundi de Pâques, on célèbre à Churwalden, dans la Suisse allémande, une grande solennité qui a la même origine que nos manches. Toutes les populations des environs s’y portent en foule. Cette réjouissance publique se signale entre toutes par un divertissement fort curieux que l’on désigne depuis des siècles, dans le pays, sous le nom de jet des œufs. Voici en quoi consiste ce

  1. Masson de Monbéliard, la Nouvelle Astrée.
  2. Béronie, Dictionnaire du patois du bas Limousin, au mot Patsa.