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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/111

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souvenirs

le Sama-Véda (1er oupnek’hat) avait dit : « Tout ce qui a vie a trois principes : l’œuf, l’enveloppe du germe et la semence végétale[1]. »

Les Phéniciens adoraient l’Être souverain sous la forme d’un œuf, et croyaient que l’amour et l’espèce humaine étaient sortis d’un œuf pondu par la nuit. Chez les Hindous, des peintures religieuses représentent l’Auteur de toutes choses ayant devant lui un œuf entr’ouvert dans l’intérieur duquel on distingue une foule d’êtres animés, tandis que sur la coque apparaît l’homme déjà créé[2]. Plus antérieurement encore, dans un chant plein de poésie, qui fait partie des hymnes védiques[3], il est question d’un œuf qui reposait sur l’ombilic du Dieu incréé et qui renfermait tous les mondes. — « Cet œuf, dit M. Alfred Maury, c’est l’œuf cosmique, l’utérus d’or, au sein duquel est né Brahma… cet œuf rappelle d’une manière frappante l’œuf de la cosmogonie orphique dans lequel s’était accomplie la gestation de Phanès, l’être primitif[4]. »

Au reste, des gens plus savants que nous ont expliqué de la manière suivante l’origine de nos manches : — « Le retour du printemps, le rajeunissement de la nature, la durée du temps, la fécondité des êtres, célébrés, au temps des Gaulois, le sont encore aujourd’hui parmi nous dans plusieurs assemblées champêtres, dont l’origine est inconnue au vulgaire. Dans beaucoup de ces fêtes, l’œuf, symbole de l’éternité et de la fécondité, joue un rôle. Ces fêtes, presque partout, sont instituées le lundi de Pâques[5]. »

Le passage suivant de Court de Gébelin, complète l’explication de ces différentes coutumes : — « C’était un usage

  1. Daniélo, Histoire et tableau de l’univers, t. III, p. 164.
  2. Voy. liv. II, chap. vi, la fin de l’article : la Cocadrille.
  3. Ri-Véda sect. VIII. lect. III. h. 11, v. 1 et suiv., t. IV, p. 316, 317.
  4. Croyances et Légendes de l’antiquité, p. 121, 123.
  5. Mémoires de l’Académie celtique, t. IV, année 1809.