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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/119

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souvenirs

Il est bien généralement reconnu que les feux de la Saint-Jean sont un reste du culte que tous les peuples du monde ont tour à tour rendu au feu ou au soleil. Cet astre étant la source de la lumière et de la chaleur, c’est-à*dire le principe de toute existence, il fut presque partout le représentant par excellence de l’Être suprême. — C’est si bien en l’honneur du soleil que tous ces feux sont allumés, qu’en Ukraine, tandis que la jeunesse danse autour des jônées, les vieillards, postés sur les hauteurs, guettent les premières lueurs de l’aube, et appellent le soleil en frappant leurs faux les unes contre les autres.

On sait que les Perses ainsi que les Égyptiens allumaient, à minuit, au moment du solstice, des feux sacrés. Ce culte a persisté jusqu’à nos jours chez plusieurs nations de l’Orient. Les Gaulois l’avaient sans doute apporté de l’Asie, leur berceau. Peut-être encore le tenaient-ils des Phéniciens qui, dans leurs courses fréquentes à travers le monde alors connu, semblent avoir autant cherché à propager leurs théogonies qu’à étendre leurs relations commerciales. Ce qui rendrait vraisemblable cette dernière hypothèse, ce sont les nombreux rapports qu’un savant genevois, M. Adolphe Pictet, a découverts entre le druidisme et le cabirisme, religion de la Phénicie.

Quoi qu’il en soit, la fête de la jônée, comme tant d’autres de nos usages, a dû primitivement prendre naissance dans l’Inde, d’où elle s’est répandue par toute la terre. Les populations de l’Hindoustan, dans leur fête du Feu, appelée en tamoul Nezoupyson tirounaï, suivent encore aujourd’hui les principaux rites qui s’observent, chez nous, lors de la célébration de la jônée : immense brasier autour duquel danse la foule, et par-dessus les charbons duquel elle saute, en portant des enfants dans ses bras ; débris de l’incendie pieusement recueillis par les assistants, etc., etc. ; tous ces détails