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introduction

retrouver l’origine, la descendance et la classification des races. Aussi, croyons-nous que, lorsque l’on découvre chez soi des usages et des rites connus en d’autres contrées et déjà décrits, on doit, par cette raison-là même, ne pas négliger de les reproduire.

Notre Berry, ainsi qu’on le verra, emprunte ses superstitions, ses croyances, ses usages et ses légendes à vingt peuples différents. Ce vieux sol gaulois, tant de fois inondé par le flux et le reflux des légions romaines et des hordes barbares, est, plus que tout autre, une terre d’alluvion, où la civilisation et l’ignorance de ces divers occupants ont tour à tour laissé leur empreinte.

Que si, après avoir parcouru cette liste encore fort incomplète de nos superstitions, le lecteur se prenait à désespérer du bon sens de nos villageois, qu’il sache que ces folles rêveries ont perdu, depuis un demi-siècle, un immense terrain. Déjà, dans nos veillées, la plupart des conteurs se croient obligés de clore leurs récits les plus fabuleux par cette réflexion significative : « Ce sont là des contes de vieux ; les jeunes s’en amusent. »

N’est-ce pas là une concession, une sorte d’amende honorable que le bon sens public arrache à la crédulité aux abois ? — Encore quelques siècles, quelques années peut-être, et les derniers brouillards de l’ignorance se dissiperont tout à fait devant les flambeaux réunis et de plus en plus brillants de la raison et de la science.

Mais ne cherchons pas à détruire l’amour du merveilleux, que quelques philosophes moroses regardent à tort comme la pire des maladies, auxquelles l’esprit