Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

3
souvenirs

assistaient à cette messe fantastique, toutes ces belles et bonnes choses ont été déposées là, à leur intention, par le bonhomme Nau[1], ou le petit Naulet[2] — dénominations naïves qui nous servent à personnifier la fête de Noël et qui rappellent le sire Noël des jongleurs du treizième siècle. — Quelquefois encore, mais rarement, c’est aux menues branches d’un fort rameau de genévrier, placé près de la cheminée, et auquel on donne le nom à d'arbre de Nau, que l’on suspend ces cadeaux enfantins.

On conserve les débris de la cosse de Nau d’une année à l’autre. Recueillis et mis en réserve sous le lit du maître de la maison, toutes les fois que le tonnerre se fait entendre, on eu prend un morceau que l’on jette dans la cheminée, et cela est suffisant pour protéger la famille contre le feu du temps, c’est-à-dire contre la foudre.

L’usage d’entretenir pendant trois jours et trois nuits, dans chaque maison, le feu de la cosse de Nau, est, selon toute apparence, un souvenir du culte que les Gaulois, ainsi que tous les peuples du Nord, rendaient au soleil, aussi bien au solstice d’hiver qu’au solstice d’été. — Diodore de Sicile nous apprend que d’anciens écrivains, et entre autres Hécatée, parlent d’une île située au nord de la Gaule, dont les habitants avaient pour principale divinité le soleil. Ils employaient tous leurs moments à chanter les louanges de cet astre et passaient pour ses prêtres. Dans la Gaule même, les bardes de l’Armorique, plus de trois cents ans après la venue du Christ, pratiquaient encore le culte solaire. Voici en quels termes le poëte Ausone parle de l’un de ces bardes qui fut son ami : « Phœbitius, homme avancé en âge, était prêtre du soleil ; il célébrait le dieu Belen dans des hymnes qu’il

  1. Voy. Rathery, des Chansons populaires et historiques en France. — M. Ribault de Laugardière, la Bible des Noëls, p. 15.
  2. Le petit Jésus. (Voy. plus bas, p. 12.)