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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/72

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du vieux temps

Saillez d’élà, saillez, mulots[1] !
Ou j’allons vous brûler les crocs ;
Laissez pousser nos blés,
Courez cheux les curés,
Dans leurs caves vous aurez
À boire autant qu’à manger.

Les Normands chantent en cette occasion :

Ou j’allons vous brûler les crocs ;Taupes et mulots,
Sortez de men clos,
Ou je vous casse les os… etc.[2]

Aux alentours de Cluis (Indre), c’est un autre couplet :

Brandis ! brandons !
La vieille est à la maison,
Qui fricasse les beugnons[3] ;
Si all’ne les fait pas bons,
On lui brûl’ra les talons.

« Dans les campagnes des environs de Bourges, dit M. le comte Jaubert (Glossaire du Centre, 1re édition), le soir des Brandons, un brandouneux et une brandouneuse (ordinairement berger et bergère), munis chacun de quelques brins de nielle[4], courent les champs en chantant les paroles suivantes » :

Brandelons, fumelles[5],
Les vignes sont belles ;
La vieill’ remue les tisons
Pour fair’ cuire les beugnons.

  1. « Sortez de là, sortez mulots ! » — Saillir, dans ce sens, était autrefois français :

    Il (le lion) est du bois sailli,
    Tout droit s’en vient à li,
    Braiant de grant fierté…

    (Ysopet, II, fable xix.)

    Mesmes les grandz, de noble lieu sailliz,
    De leurs subjects se verront assailliz.

    (Rabelais, Gargantua.)

    Ailà se dit aussi pour en roman. Les Espagnols disent ala, alla.

  2. Mlle Bosquet, la Normandie romanesque et merveilleuse, P. 296.
  3. Beignets, crêpes.
  4. Lychnis agrostemma githago de Linnée.
  5. Fumelles, pour filles, femmes ; — Voy. à la table alphabétique : Fumelles.