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souvenirs du vieux temps

On voit que, tandis que toute la population active des villages prend part à la course lustrale, les vieilles, qui sont restées à la maison, préparent le festin brandonnier.

« À Bourges, dit encore M. Jaubert, les enfants se promènent dans les rues en tenant à la main des tiges sèches de brandelons[1] allumées et qui ont été imprégnées d’huile ; ils chantent en même temps une variante du couplet précédent, que nous supposons contemporaine des guerres de religion, car elle sent son parpayot[2].

Pour ceux qu’en p’vont (qui en peuvent) être.Brandelons, fumelles,
Les vignes sont belles ;
Les beugnons sont pas cheux nous,
Is sont cheux les moines,
Fricassez dans la poële[3].

Enfin, voici un chant brandonnier tout à fait complet, qui a été recueilli à Châteauneuf-sur-Cher par M. Ribault de Laugardière, à l’obligeance duquel nous le devons :

Brandounons la nielle,
Et la nielle et l’échardon (le chardon) !
Brandounons, fumelles,
Brandounons la nielle !
La boun’mée (la bonne mère), sus les tisons,
À fricasse les beugnons,
Que les beugnons sont si bons !
Brandelons, fumelles !
Les beuguons sont pas cheux nous,
Is sont cheux les prêtres,
Pour ceux qu’en p’vont (qui en peuvent) être.
Si j’allions cheux les curés,
Je serions ben aroutés (renvoyés).
Si j’en avions demandé.

  1. Molène, bouillon-blanc. — À Doullens (Somme), les jeunes gens, en pareille circonstance, parcourent aussi les rues en portant des torches de molène qui ont été trempées dans l’huile. Cette plante joue également un rôle, chez les Poitevins, lors de la cérémonie des feux de la Saint-Jean.
  2. On peut en dire autant de plusieurs autres couplets brandonniers.
  3. Glossaire du Centre, 1re édition, au mot Brandons.