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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/75

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souvenirs du vieux temps

Anciennement les fabriques des églises donnaient un repas, le jour des Brandons, aux membres de leur clergé. Cet usage est attesté par les citations suivantes :

« Pour deux treizenes d’eschaudez qui feurent achaptez le dimanche des Brandons audict an 1505, pour donner et distribuer ledict jour aux chapelains qui assistent au service de la grand messe comme il est de coustume, pour ce ijs. » (Archives du Cher, Comptes de la fabrique de Saint-Bonnet de Bourges, 15 janvier 1505.)

« Pour le desjeuner des prestres, le jour des Brandons, payé pour ce VIJ s. vi deniers. » (Ibid., Comptes de la fabrique de Saint-Jean des Champs de Bourges, 1529.)

« Payé du dimanche brandonnier, quinziesme jour de febvryer, pour les febves, eschaudez et vin blanc ascoutumez estre dounez aux prestres et officiers, v solz, et ce jour l’an du présent compte. » (Ibid., Compte rendu par Louis Venant, 1587.)

Les échaudés remplaçaient, dans ce cas, les beugnons, et les fèves ne figuraient très-probablement ici qu’en raison de l’analogie de consonnance qui existe entre leur nom et le nom de février, ainsi qu’entre les mots latins fabarius, februarius, februus[1].

Cette observation nous conduit à remarquer que le mois de février (februarius), mois durant la lune duquel se célèbrent les Brandons, et qui, chez les anciens, était également le mois des purifications, tire son nom des expressions februare (purifier), februus (qui purifie),  etc. — Les Fébruales, que l’on célébrait à Rome dans le courant de ce mois, étaient des fêtes d’expiation pour le peuple. C’était aussi le 15 février

  1. Les fèves jouaient un rôle, chez les anciens, dans plusieurs cérémonies superstitieuses. En quelques circonstances, on en offrait aux dieux. — Voy., dans Macrobe, ce qu’il entend par fabariæ calendæ ; — voy. aussi liv. III, ch. iv du présent ouvrage, l’article : Préservatifs contre les sorts.