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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/76

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du vieux temps

qu’avaient lieu les Lupercales en l’honneur du dieu Pan, qui veillait sur les troupeaux et les bergers, et qui passait pour faire une guerre continuelle aux animaux nuisibles aux moissons[1]. Ces fêtes, ainsi que celles de Proserpine, qui arrivaient pareillement en février, étaient accompagnées de courses aux flambeaux.

Des solennités semblables, connues sous le nom de sacœa, existaient chez les Perses et les Babyloniens. Ils les célébraient pendant la plus longue nuit de l’année, en l’honneur de la lune, souvent confondue avec Cérès et Proserpine.

Ces sortes de fêtes furent adoptées par le christianisme. Bède le Vénérable, écrivain religieux du septième siècle, félicite l’Église de s’être approprié les fêtes aux flambeaux des païens. — Au dire de quelques auteurs, la Chandeleur des chrétiens, qui tombe en février, comme les Brandons, instituée par le pape Vigile, au sixième siècle, succéda à la fête de Proserpine. Selon Innocent III, au contraire, on devrait l’établissement de la Chandeleur au pape Gélase Ier (492), qui, assure-t-il, la substitua, vers la fin du cinquième siècle, aux Lupercales païennes.

Au reste, notre ancien clergé berrichon avait bien d’autres moyens, — tout à fait négligés de nos jours, — pour conjurer les divers fléaux qui désolent nos champs, nos vignes et nos vergers. Par exemple, tous les ans, à Bourges, le curé de Saint-Pierre-le-Guillard exorcisait les urbets[2], espèce de charançons qui rongent les bourgeons des vignes. La rue des Urbets, qui existe encore dans notre vieille métropole, au quartier d’Auron, ne fut ainsi nommée que parce que, lors de cette solennité, elle était parcourue par le nombreux cortège qui accompagnait le prêtre dans cette pieuse expédi-

  1. Théoc., Idyll. I, v. 123 ; — Callim., in Dian., v. 88.
  2. L’urbet, urbère ou dur-bec, est un coléoptère que les savants appellent Attelabe Bacchus.