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ne peut être fait que par le Bouddha omniscient ; et comme ce Bouddha est essentiellement un docteur, son explication est nécessairement suivie d’une leçon, d’un précepte, d’une instruction appropriée ; morale de la fable.

Un Avadâna se compose donc essentiellement de 4 parties.

1o Un préambule qui exalte plus ou moins le Bouddha en en faisant connaître le lieu de sa résidence ;

2o Un récit du temps présent fait par un narrateur quelconque ;

3o Un récit du temps passé, expliquant le récit du temps présent et fait par le Bouddha ;

4o Une conclusion qui est le précepte donné par le Bouddha à l’occasion des faits dont il vient d’être témoin et des souvenirs vient de rappeler. Il y a dans la littérature bouddhique un très grand nombre de récits faits suivant ce plan.

L’Avadâna est donc un genre bien caractérisé ; et M. Léon Feer ne peut se ranger à l’opinion de Burnouf qui a cru voir dans les recueils d’Avadânas, le Vinaya du Canon Népalais. Le Vinaya est proprement l’ensemble des règlements donnés à la Confrérie Bouddhique par son fondateur. Il est vrai qu’on peut y faire entrer et qu’on y a fait entrer bien des choses étrangères à cet objet spécial. Il est certain d’ailleurs que l’on trouve dans le Vinaya thibetain un grand nombre d’Avadânas et tout porte à croire qu’il en existe beaucoup dans le Vinaya Népalais que nous ne connaissons pas. Certains Avadânas, certaines conclusions d’Avadânas peuvent avoir un caractère nettement « disciplinaire. » En un mot il se peut que l’avis émis par Burnouf se justifie dans un grand nombre de cas particuliers, sans être la règle — Burnouf a signalé avec insistance des analogies entre les Avadânas et les Suttras ; cependant il faut bien qu’un texte bouddhique appartienne soit au Vinaya soit au Suttra. Il est vrai qu’il en est plusieurs, et non des moins importants qui sont répétés dans l’une et l’autre classe ; ce qui atténue la contradiction, mais produit la confusion. La vérité est que les avadânas font partie des Sutras, ils en constituent un genre spécial dont on peut donner la définition ci-dessus. L’Avadâna occupe la 11e place dans l’énumération des douze espèces d’écritures bouddhiques.