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déjà favorable au Bouddhisme, car il protège les Ascètes qui tendaient à se substituer aux Brahmes. Les édits suivants ont en vue surtout de répandre parmi les peuples les doctrines morales du Bouddha ; Schlagenweit nous apprend qu’ils étaient en caractères phéniciens ; sans doute ces caractères auront servi à représenter les mots de plusieurs dialectes parlés par les peuples divers au milieu desquels étaient placées les inscriptions, en sorte que celles-ci présentent un grand intérêt linguistique. Depuis 50 ans les Orientalistes s’appliquent à les déchiffrer et à les traduire. Cunningham leur a consacré un livre spécial et prétend que la langue employée est au sanscrit, ce que l’Italien est au Latin.

Ces édits sont tous d’une grande élévation morale, et ont un prix immense pour l’histoire des religions et la géographie historique. C’est le seul document complètement précis que nous ait laissé l’Inde livrée toute entière à la fable et à la Légende. On ne peut y ajouter comme ayant une réelle valeur historique que les Annales Monastiques de Ceylan, c’est-à-dire la Chronique du Mahanvansa et du Dîvapansa.

Dans leur ensemble, les édits nous révèlent un Açoka bien supérieur à celui des Légendes, un Saint-Louis, un Charlemagne du monde Indien ; la tradition bouddhiste ne nous donnait qu’un Constantin bouddhiste, finissant par l’absorption dans la dévotion la plus aveugle.

La traduction la plus satisfaisante des Édits est celle que M. Senard a donnée dans le Journal Asiatique, années 1880 et 1882 ; nous lui empruntons les citations de l’abrégé qui suit.