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« Raconte-moi comment ce visage a été privé de la lumière de ses beaux yeux, comme le ciel auquel la chute de la lune aurait enlevé sa splendeur.

J’ai commis jadis quelque faute, répondit Kunala, et c’est sous l’influence de cette faute que je suis revenu en ce monde, puisque mes yeux ont été la cause de mon malheur. »

Mais Açoka apprit que ce crime était l’œuvre, de Tichya-Kachita et il la menaça des plus affreux supplices. Kunala plein de compassion dit à son père :

« Agis conformément à l’honneur et ne tue pas une femme.

Ô roi, je n’éprouve aucune douleur ; mon cœur n’a que de la bienveillance pour ma mère qui m’a fait arracher les yeux.

Puissent, au nom de la sincérité de ces paroles, mes yeux redevenir tels qu’ils étaient auparavant. »

Lorsqu’il eut prononcé ces mots, ses yeux reparurent avec leur premier éclat.

Néanmoins le roi Açoka fit mourir Tachya Rachita par le feu et massacrer les habitants de Takahachita.

Les Religieux demandèrent à Upagupta, le membre le plus savant ou le plus voyant de l’Assemblée des parfaits, et qui fut aussi un des patriarches du Bouddhisme, quelle action avait commise Kunala pour que les yeux lui fussent arrachés, il répondit :

Jadis un chasseur surprit au fond d’une caverne dans la montagne de l’Himmalaya, cinq cents gazelles et les prit toutes dans un filet, puis il leur creva les yeux pour les empêcher de s’échapper.

En punition de cette action, Kunala, car c’était lui-même, a souffert les douleurs de l’enfer pendant plusieurs centaines d’années ; puis, pour achever d’expier sa faute, il a eu les yeux arrachés dans 500 existences en sa qualité d’homme.