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nale, les pourvut de temples et y installa des Religieux. Ce fut sans doute un grand missionnaire ou apôtre dont la légende aura fait un patriarche.

Le renoncement bouddhique, défini comme nous l’avons vu, l’abandon de tous les biens pour des œuvres méritoires, c’est-à-dire de charité ou d’utilité religieuse ou publique, mit à la disposition de la communauté bouddhiste d’immenses ressources, comme (cela a encore lieu aujourd’hui en Birmanie). Ainsi que dans toutes les religions sévères, le Judaïsme, le Mahométisme etc., le culte était très simple, mais les monuments où il s’exerçait furent magnifiques et le sentiment religieux fut interprété presque exclusivement par un seul art, l’architecture qui n’entre pour rien dans le culte védique et pour très peu sans doute dans le Brahmanisme avant Bouddha. On lit dans Manou que les sacrifices se faisaient dans une enceinte pareille à celle des temps védiques, c’est-à-dire formée de pieux juxtaposés. Ce fut le Bouddhisme qui donna à l’Inde une véritable architecture religieuse. Partout les ruines les plus vastes et les plus anciennes proviennent de lui. On sait les merveilles que les Bouddhistes ont laissées au Cambodge. Les temples souterrains sont leur ouvrage et leur marque se retrouve dans les substructions de presque tous les sanctuaires de l’Hindouisme. Les Brahmes ont pris au Bouddhisme tout ce qui, chez eux, n’est pas terre à terre. Ils leur ont emprunté l’architecture et la sculpture religieuses, et maintenant l’Inde est couverte d’un nombre immense de pagodes monumentales ; aucune ne paraît ancienne, sauf celles qui ont une origine Bouddhiste, origine qui n’a jamais été considérée comme une tache ou une souillure, tandis que le contact des musulmans a été regardé comme une profanation. Les sculptures et les bas-reliefs des temples bouddhiques témoignent d’un art remarquable aujourd’hui disparu de l’Inde, sans doute avec le Bouddhisme. Les artistes étaient ou des Grecs Baktriens ou même des religieux bouddhistes de race Aryenne, doués par conséquent du sentiment du beau. Dans les premiers temps, le Bouddhisme brilla par l’imagination dans la littérature comme dans l’architecture.

Aujourd’hui les Brahmes savants prétendent que ce sont les Bouddhistes qui ont introduit l’idolâtrie dans