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Sutras développés postérieurs ont un caractère opposé ; leur merveilleux est surtout bouddhique ; il évoque les saints du Bouddhisme, les cieux d’Occident, la Cosmogonie bouddhiste etc. Tel est de Lotus de la bonne Loi.

Il faut admettre avec M. Sénart que le Lalita Vistara considéré comme canonique par les Bouddhistes du Nord et si souvent cité dans notre vie du Bouddha est l’expression de la légende de Bouddha déjà formée dès le iiie siècle avant Jésus-Christ, avant qu’on eût fait la distinction entre les Bouddhistes du Nord et ceux du Sud, légende qui encadrait les événements de la vie de Bouddha dans un fonds mythologique, moitié védique, moitié héroïque, réunissant la théorie de Vichnou-soleil à celle des incarnations en Rama et Kritchna inventées avant la venue de Çakia Mouni. Nous partageons complètement les opinions de M. Sénart sur l’origine védique ou brahmanique de l’arbre Bodhi, l’arbre cosmogonique, de la roue de la Loi (cercle de Souria ou Çakra de Vichnou, sur les gopies, les Maras, les Cravartins etc).

Déjà dans notre livre publié en 1867 et écrit auparavant dans l’Inde, nous avons exprimé l’opinion que Siva, Vichnou et Kritchna étaient des dieux des peuples conquis adoptés par les Brahmes et identifiés par eux à dessein avec ceux des dieux Védiques auxquels ils ressemblaient ; d’où la conclusion conforme à l’opinion de M. Sénart que le naturalisme de ces cultes est ancien et non une corruption des symboles védiques ou brahmaniques, que ce sont au contraire les Aryens qui, par la poésie ou la philosophie religieuse, ont relevé ces dieux et ces cultes et ont idéalisé, sinon spiritualisé Vichnou, Siva et Kritchna. Malheureusement, cet effort n’était fait que par les Aryens et pour eux seuls, puisque les livres sacrés étaient interdits aux Soudras et plus tard, les brahmes, pour étouffer le Bouddhisme, encouragèrent le naturalisme dans les sectes hindoues et le systématisèrent.

Le merveilleux des légendes bouddhiques primitives a recueilli les mythes Aryens qui correspondent à cet effort poétique et religieux. Pour donner un corps à cette pensée, M. Sénart a ramené le Lalita Vistara à un mythe solaire aussi gracieux qu’ingénieux qui figure la part capitale qu’ont eue dans les premières biographies de Çakya Mouni les croyances Aryennes qui formaient encore,