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Page:Lamairesse - L’Inde après le Bouddha.djvu/95

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selon lui, un cycle bien coordonné, héritage faiblement altéré d’un long passé de traditions. Ce sont ces éléments mythologiques qui, populaires au moment où s’établit le bouddhisme, firent corps avec lui et en sont restés un des éléments caractéristiques. Nous citons textuellement l’essai sur la légende de Bouddha (1882, page 432) qui divise sa vie en douze époques, entre lesquelles il est de tradition chez les Bouddhistes de la répartir :


I. Résolution de quitter le ciel. — Le Bouddha, avant sa naissance, est un dieu, le chef des dieux[1] ; à vrai dire, il ne naît point, il s’incarne parmi les hommes en vue de leur bien et de leur salut.

II. — Conception. — Sa génération est toute miraculeuse ; il n’a point de père : sa descente du ciel s’opère sous les symboles d’un dieu lumière voilé dans le sein de sa mère ; il révèle sa présence par ses premiers rayons qui appellent tous les dieux à la prière, les rendent à la vie.

III. Naissance. — Il naît en héros lumineux et igné, de l’arbre producteur du feu, par le ministère de Maya ; cette mère virginale qui représente à la fois la puissance créatrice souveraine et la déesse à demi ténébreuse des vapeurs atmosphériques, périt dès la première heure, dans le rayonnement même de son fils. En réalité, elle survit sous le nom de Pradjapati (la créatrice), la nourrice de l’Univers et de son Dieu. Le jeune héros plein de force, irradie dès sa naissance ; s’avance dans l’espace, illuminant le monde, proclamant sa suprématie à laquelle tous les dieux font cortège et rendent hommage.

IV. Épreuves. — Il grandit au milieu des jeunes filles de l’athmosphère parmi lesquelles sa puissance est pour un temps dissimulée ou méconnue et ne se révèle que par de rares échappées. Un jour vient pourtant où il se dévoile, s’essaie aux premières luttes contre ses ennemis ténébreux, et brille sans rival.

V. Mariage et plaisirs du Harem. — Avec lui ont grandi les jeunes Nymphes ; les compagnes de ses jeux deviennent ses femmes, ses amantes ; le dieu s’attarde dans les palais célestes parmi les délices du gynécée nuageux.

  1. M. Senart a un peu forcé la note afin de se rapprocher de Vichnou-Soleil. Ce n’est que, dans le développement extrême du Bouddhisme que Bouddha a été considéré comme un dieu par une partie des Bouddhistes.