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sa vie. Il faut admettre qu’au-dessus de sa prédication qui s’adressait à la foule, Bouddha avait pour ses religieux une sorte de cours d’instruction supérieure qui s’est agrandi et élevé avec les années et même qu’une partie des communications du Bouddha n’étaient faites qu’à ses disciples les plus avancés et les plus familiers avec lui. Cette partie devait surtout accentuer ce qui est le propre du Bouddha, la miséricorde, l’amour infini des êtres, tout ce qui touche à la foi et au sentiment plus qu’à la raison. Ce fait si naturel et si vraisemblable a donné lieu de prétendre que Bouddha avait eu une doctrine réservée, ésotérique. Cependant son enseignement supérieur, bien que non accessible à l’intelligence de tous, n’était systématiquement fermé à personne et malgré l’inégalité inévitable dans l’instruction donnée. Bouddha a pu dire : « Ma loi est commune à tous, ouverte à tous ». En effet, sa loi, c’était la morale, la fraternité ; elle était universelle ; ce fut même la première religion indépendante et universelle.

À travers la variété infinie des sectes et des systèmes qui tous prétendent dériver du Bouddha, il y a dans tous les pays bouddhistes un fond commun : la croyance aux peines et récompenses futures, suivant les actes ou la foi, et à la délivrance finale pour tous ; l’affection et une liberté respectueuse dans la famille ; la religion indépendante de l’autorité et de la politique, l’horreur de la guerre, la libéralité sans limites envers les malheureux, enfin une sorte de fraternité humanitaire et de tendresse envers le vieux Bouddha dont la distance à la charité chrétienne, c’est-à-dire à l’amour de Dieu et du prochain, n’est pas plus grande que la différence entre la chaleur d’âme des Asiatiques et celle des Européens. Les Missionnaires chrétiens de toute confession reconnaissent que les pays Bouddhistes sont imprégnés d’idées et de sentiments chrétiens. Lorsque Bouddha entra dans le Nirvana, il avait la certitude d’avoir, dans sa longue vie, fondé un monument durable. Ses derniers jours, pleins d’une activité sereine, nous donnent un spectacle noble et grand dans sa placidité. Comme Socrate, il enseigne jusqu’à la dernière heure, entouré d’amis ses disciples, dans lesquels il a fait pas-