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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/108

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la découverte de l’amérique

fuyaient, elle cria : « Comment pouvez-vous fuir devant ces misérables, des hommes comme vous, alors que je pense que vous pourriez les massacrer comme du bétail. Si j’avais une arme, ma parole, je combattrais mieux qu’aucun de vous. » Ils ne prêtèrent aucune attention à ses paroles. Freydis essaya de les rejoindre, mais resta en arrière, car elle n’était pas bien portante, elle les suivit cependant dans la forêt, tandis que les Skroelings la poursuivaient. Elle rencontra devant elle le cadavre de Thorbrand, fils de Snorri, qui avait eu le crâne enfoncé par une pierre plate. Son épée nue gisait à côté de lui. Elle la ramassa et fit mine de se défendre avec cette arme.

Les Skroelings l’approchèrent, alors, elle abaissa sa chemise et frappa sa poitrine avec l’épée nue. Les Skroelings en furent si terrifiés qu’ils coururent à leurs canots et disparurent. Karlsefni et ses compagnons la rejoignirent et la félicitèrent de son courage. Deux hommes de Karlsefni étaient tombés et un grand nombre de Skroelings. La troupe de Karlsefni avait été écrasée par le nombre. On retourna aux buttes, les blessés pansèrent leurs blessures et on supputa le nombre d’ennemis qui avaient pu descendre sur le parti. Il leur apparut alors qu’ils n’avaient eu affaire qu’à une troupe venue des canots et que l’autre n’était qu’une illusion. En outre, les Skroelings avaient rencontré un cadavre et sa hache à côté. L’un d’eux la ramassa et en frappa un arbre ; ce qu’ils firent à tour de rôle. Ils parurent lui trouver beaucoup de valeur surtout à son tranchant. L’un s’en saisit et frappa une pierre avec (si bien que) la hache se brisa, ce pourquoi ils estimèrent qu’elle était moins bonne que la pierre et ils la jetèrent.

Karlsefni et les siens pensèrent alors que, bien que le pays fut plaisant, leur existence serait pleine de craintes et d’inquiétude du fait des habitants. Ils préparèrent leur départ et se décidèrent à retourner dans leur propre pays. Ils firent voile vers le Nord en suivant les côtes, ils trouvèrent cinq Skroelings habillés de vestes de peaux, endormis près de la mer. Près d’eux, étaient leurs barques souillées de cervelles d’animaux et de sang. Karlsefni et ses compagnons pensèrent qu’ils avaient dû être