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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/114

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la découverte de l’amérique

Plusieurs de ces voyages furent faits par des Groenlandais apparentés à Eirik, un autre par des Islandais conduits par Karlsefni, de passage au Groenland et qui revint en Islande.

Les Scaldes groenlandais ou islandais recueillirent de ces voyages des versions foncièrement semblables, mais la distribution des rôles des acteurs y varia selon que les Scaldes appartenaient à la clientèle de l’un des groupes groenlandais (famille d’Eirik) ou islandais (famille de Karlsefni). Ils les arrangèrent selon leurs tendances, leur désir de plaire à leurs commensaux ordinaires pour la plus grande gloire de leur favori ou le plaisir de ses descendants.

Tout ceci forme une thèse qu’on trouve dans les ouvrages récents, Steensby, Hovgaard, et surtout dans Fossum. Basée sur une explication plus large et plus réaliste des textes, elle permet de mettre fin à une querelle inféconde qui consistait à opposer les textes et par conséquent à négliger l’un au profit de l’autre, sans avantage pour l’intelligence générale des faits.

Si l’on en admet les grandes lignes, les différences s’atténuent. Les événements s’expliquent tout simplement. Il en résulte une double localisation du Vinland, depuis longtemps soupçonnée, mais nettement exposée dans les dernières œuvres seulement.

Les explications des divergences ne manquent pas et on les trouvera développées dans la troisième partie.

Dégagée de toutes les enjolivures, des interpolations probables, la Saga de Karlsefni donne l’aspect d’un récit qui se tient. Les grandes lignes des faits ne diffèrent guère de celles de la Saga d’Eirik. Le Hóp de Karlsefni, comme le Vinland de Leif, se trouvaient quelque part au Sud-Ouest du Groenland, sur la côte américaine. Les itinéraires suivis pour aller à l’une ou à l’autre région, sont peu différents. Les pays rencontrés ont les mêmes caractéristiques.

Au Hóp et au Vinland, même climat, même faune, même flore, mêmes Skroelings.

L’ensemble des expéditions n’embrasse qu’une période assez courte, dix à douze ans au maximum, on pouvait donc s’atten-