Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Selon toute vraisemblance, ils en auraient parlé dans leurs récits, tout comme ils relatent les mauvais temps en mer ou la famine, ou les maladies qui tuèrent Thorstein ou l’équipage de Thor. Ces hommes du Nord en eussent ressenti plus cruellement que d’autres les maléfices, coups de chaleur, insolations, refroidissements. Or, on ne trouve aucune allusion à ce véritable fléau, qui fait chaque année tant de victimes à New-York et même bien plus au Nord. Les conditions climatériques, malgré leur imprécision, donnent cependant quelque limite de localisation. En les appliquant aux côtes est de l’Amérique du Nord, on peut estimer que le Vinland était plus méridional que le Groenland, assez loin pour que les Normands aient pu observer des signes manifestes de différence dans la longueur des jours. L’absence d’allusion à la grande chaleur indique de son côté qu’ils n’ont pas dû atteindre la région où elle se fait trop vivement sentir, c’est-à-dire le Saint-Laurent ou au maximum la région sud de la Nouvelle Écosse.

Description des indigènes.

La description des indigènes, pour assez bien dessinée, ne permet pas de déterminer à quelle race les Normands ont pu avoir à faire, Esquimaux ou Indiens.

Ils désignaient sous le nom de Skroelings les indigènes du Groenland qui sont des Esquimaux. Étaient-ils capables de faire la différence entre ces Esquimaux et certaines tribus indiennes de la côte est, les Montagnais, les Algonkins, ou les Mic-Macs de Terre-Neuve, c’est fort douteux. Leurs connaissances ethnologiques étaient nulles, alors que cette différence eût été difficile à saisir même pour un observateur relativement averti.

De plus, il n’est pas impossible, et certains auteurs pensent qu’il est même probable, que les Esquimaux ont pu, à certaines époques, descendre vers le Sud jusqu’au Saint-Laurent.

Il est vraisemblable que dans leur voyage du Groenland jusqu’au Sud de Terre-Neuve, les Normands ont dû rencontrer non seulement des Esquimaux mais aussi plusieurs races d’In-