Aller au contenu

Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perdu dans l’Atlantique ; que poussé plus au Nord, il eut touché le Groenland comme Gunnbjorn ou au plus, le Labrador. Sa description ne s’applique pas à ces deux contrées. Dans la direction intermédiaire, le Sud-Ouest, il eût, atteint et navigué le long des côtes Est des États-Unis ou de la Nouvelle-Écosse qui se trouvent considérablement dans l’Ouest de Terre-Neuve et le trajet de retour au Groenland eût été beaucoup plus long. Le nombre de terres aperçues aurait été aussi beaucoup plus considérable qu’il ne paraît indiqué dans la Saga.

Il se peut aussi qu’il soit entré dans la baie du Saint-Laurent sans avoir aperçu la côte sud de Terre-Neuve, par le détroit de Cabot, dans la brume, et se soit trouvé, quand le brouillard se leva, au large des côtes du Nouveau-Brunswick. Cette hypothèse, quoique difficile à imaginer, n’est pas absolument à rejeter.

Nous sommes donc en présence de deux hypothèses (voir fig. 2).

Si nous suivons la Saga, ces hypothèses nous mènent d’abord à des terres différentes, puis nous ramènent au même point :

Première hypothèse : Suivant, vers le Nord, la côte Est de Terre-Neuve, Bjarni peut avoir rencontré la pointe, appelée le Petit Nord, après avoir franchi la baie Notre-Dame, entre le cap Frehel et le cap Bauld.

Deuxième hypothèse : Des environs de l’île de cap Breton allant vers le Nord-Ouest, il a pu toucher la Gaspésie. De l’un de ces deux points, tournant le dos à la terre, il a piqué en pleine mer. Il est pris par un fort vent du Sud-Ouest.

Reprenant la première hypothèse, de la partie Nord de la côte Est de Terre-Neuve, du cap Bauld, par exemple, Bjarni a pu marcher Nord ou même Nord-Ouest, largue ou grand largue et atteindre un point situé sur la côte sud-est du Labrador.

Dans la deuxième hypothèse, de la Gaspésie, en cédant au vent, il a pu, à travers la baie du Saint-Laurent, arriver sur la côte Sud du Labrador, dans les environs du détroit de Belle-Isle, c’est-à-dire sensiblement dans la même région que dans la première hypothèse.