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Le point atteint est, d’après la Saga, une île, à vrai dire, il n’en manque pas sur la côte du Labrador.

Il reprit la mer, avec le même vent qui le mène facilement au Groenland, par une direction nord-est et au point précis du Herjolfness.

Leif a repris son itinéraire en sens inverse, sur les indications de Bjarni et selon toute vraisemblance, il a dû arriver aux mêmes endroits. Le point le plus remarquable de son récit, c’est le signalement de plages de sable blanc après le point où Bjarni a vu la terre pour la deuxième fois. Or, nous savons qu’il n’y en a pas ou fort peu au Nord du détroit de Belle-Isle, non plus que sur les côtes de Terre-Neuve, mais nous en connaissons sur la côte Sud du Labrador, dans la baie du Saint-Laurent (Blanc Sablons, etc.).

Ceci semblerait indiquer que Leif longeant la côte du Labrador est entré dans cette baie. Nous verrons que plusieurs auteurs partagent cette façon de voir.

De là, il repart avec un vent du Nord-Est, donc assez vraisemblablement vers le Sud-Ouest, il trouva une île au large d’une terre, et c’est là que pour la première fois, il observe la rosée. Il enfile le détroit qui séparait cette île de la rive sur laquelle saillait un cap orienté vers le Nord. C’est là le commencement du Vinland.

Cette topographie indiquerait assez bien une côte orientée Est-Ouest ayant la mer au Nord, or ceci concorde avec la rive Sud du Saint-Laurent. Le Vinland de Leif, d’après les directions de la Saga, peut donc se trouver quelque part dans la baie du Saint-Laurent, peut-être au Sud d’Anticosti, mais vraisemblablement pas beaucoup plus en amont, car les Normands eussent bien reconnu un fleuve, quel que soit le caractère et l’aspect maritime du Saint-Laurent. Nous devons les croire assez habitués aux choses de la mer pour ne point confondre les poissons, la nature des eaux, les objets charriés et d’autres caractéristiques habituelles aux fleuves et ce qu’ils avaient coutume de rencontrer au large ; d’autant plus qu’ils sont restés longtemps dans ces lieux.

Les descriptions de la contrée que nous donne la Saga s’appli-