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Conditions maritimes

La géographie et l’histoire poussaient, nous venons de le voir, inéluctablement les Normands vers l’Amérique. Par un concours curieux de circonstances, la mer elle-même les y aidait. L’aventure de Sir Clément Markham, racontée par lui-même dans une séance de la Société royale en 1911, est tout à fait typique à cet égard :

« Alors que j’étais aux îles Walefish, sur la côte ouest du Groenland, je partis en bateau pour aller tirer des canards. Il y avait une forte brise et la mer grossit rapidement…, nous étions alors entraînés tout droit sur l’Amérique. Depuis, j’ai toujours été convaincu que, Saga ou pas Saga, il y a suffisamment de preuves que les Normands ont découvert l’Amérique. »

Pour racontée avec humour, l’aventure n’en est pas moins symptomatique. Les cartes nous montrent que les courants, à hauteur des anciens établissements de l’Ouest, portent d’abord vers l’Ouest, puis vers le Sud-Ouest et rejoignent le grand courant polaire qui va au Sud où il longe les côtes du Labrador jusqu’à la pointe sud-est de Terre-Neuve (sous le nom du courant du Labrador).

Les vents sont assez fréquemment du Nord, tel celui qui entraîna Sir Clément. Enfin, nous avons déjà signalé que les glaces font embâcle vers la partie sud-ouest du Groenland et barrent en partie le passage de la baie de Davis, mais elles laissent un couloir orienté est-ouest qui devait inciter les Normands à gagner la terre de Bafin, en les amenant en plein courant nord-sud.

Les Normands étaient, nous le savons, de hardis pêcheurs. Ils n’hésitaient pas à gagner le large au cours de leurs expéditions de pêche. Il n’est donc pas invraisemblable qu’ils aient pu rapidement connaître et utiliser ces conditions favorables à leur approche du continent.

Les deux dernières catégories de documents sont évidemment objectives et ne peuvent être prises comme preuves absolues.