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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/166

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Pourquoi le mouvement général et continu vers l’Ouest se serait-il arrêté alors qu’aucune raison n’imposait un tel arrêt ? Par un singulier hasard, les conditions maritimes d’un autre côté les poussaient presqu’obligatoirement vers ce même Ouest.

En face de leurs établissements de l’Ouest, à peine à deux journées de mer se trouvaient des terres. Des signes qui ne pouvaient tromper des vieux loups de mer devaient les leur indiquer, vols d’oiseaux, objets flottés, brumes, etc. Ils devaient fatalement, par suite d’une dérive, d’un coup de vent, un jour ou l’autre les apercevoir et les atteindre. Arrivés à la côte Est de la terre de Bafin, la route vers l’Ouest était définitivement barrée. La terre de Bafin n’était pas tentante. Mais suivant la méthode qu’ils avaient suivie depuis l’Islande, il était naturel que les Normands aient cherché à en suivre et à en reconnaître les côtes soit par le Nord, soit par le Sud.

Par le Nord, la glace arrêtait leurs tentatives, encore que les hardis navigateurs aient remonté assez loin, tant pour chercher du bois flotté dans le « Nordseta », que pour reconnaître, semble-t-il, les campements de leurs dangereux voisins les Skroelings ou Esquimaux. On a retrouvé une pierre runique fort loin et l’on connaît des descriptions de voyage qui semblent avoir trait à une région voisine du canal de Smith. Mais ceci se passa plus tard. En tous cas, à la barrière de glace, la route vers le Nord était barrée.

Restait le Sud. À la pointe de la terre de Bafin se trouve l’île de la Résolution qui n’est pas fort éloignée du cap Chudleigh, extrémité nord du Labrador. Les conditions nautiques portaient les navires plutôt vers ce cap que dans le détroit d’Hudson, même le bras de mer qui s’étend entre la terre de Bafin et le Labrador est en effet jalonné par des fles qui semblaient indiquer la direction, et de plus, les courants et les glaces chassaient vers le Sud.

La configuration des terres amenait donc les Normands presqu’infailliblement au Labrador et une fois là, en longeant les côtes à leur ordinaire, ils arrivaient à Terre-Neuve.