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ou pêcheurs, à utiliser le terrain pour se dérober aux vues. Il semble que ce n’est qu’assez tard, et pour ainsi dire par accident, que les Normands se sont doutés de la présence des indigènes.

Nous en trouvons une preuve dans l’allusion à ces tertres et à ces Indiens qui disparaissaient dans la terre. Les Esquimaux et certaines tribus indiennes de ces régions vivaient dans des igloos ou des huttes demi-enterrées, couvertes de gazon, que les Normands semblent avoir confondues, au début, avec des huttes de terre ou des tertres ou même avec le sol environnant. Ce phénomène leur parut relever de la magie.

En résumé, il y a fort peu de choses qui soient de nature, après examen, à faire douter du fond. Il y a eu malheureusement des négligences ou de l’ignorance chez les scribes qui recopièrent les textes, c’est tout ce qu’on peut en dire.

Situation géographique et conditions historiques

Les Normands, établis sur la côte ouest du Groenland, pouvaient-ils ne pas découvrir les terres de l’Ouest, relativement si proches. Nous avons déjà vu l’opinion du savant géographe Nansen sur cette question. Par ailleurs, les auteurs sont unanimes, et les faits sont en eux-mêmes frappants.

Les Normands entamèrent depuis leur départ de Norvège une « course vers l’Ouest ». Ils passèrent de Norvège aux Faröe, franchissant droit vers l’Ouest une étendue considérable de mer. De là, toujours vers l’Ouest, ils gagnèrent l’Islande, si lointaine par delà l’Océan. De la côte Est de cette île, ils atteignirent peu à peu les côtes Ouest. Puis, toujours à la recherche des terres plus hospitalières, Eirik entraîna une expédition vers le pays signalé plus loin dans l’Ouest par Gunnbjorn, c’est le Groenland. La nature veut que la côte Est soit inhabitable. Les Normands s’en allèrent vers la côte Ouest et s’établirent dans les fjords plus tempérés de cette côte. Mais, la vie était encore peu facile, aussi tout pousse à croire qu’ils durent continuer leurs recherches vers des terres meilleures.