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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/18

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XII
INTRODUCTION

gnons, ne semblent pas avoir pratiqué la vantardise. On s’accorde à les donner comme de francs parleurs, gens de peu de mots, mais de beaucoup d’actes. Le scalde n’avait donc nullement besoin d’émailler son récit d’artifices, ni d’en fausser la trame par une flatterie malencontreuse pour plaire. Toutefois, ces hommes d’un temps encore si proche des époques primitives ne détestaient pas quelques touches de merveilleux. Ils avaient même une propension marquée pour les histoires de sorcellerie, de magie noire ou de revenants. Ce goût a d’ailleurs laissé des traces profondes dans la littérature du Nord. Le spectre de Macbeth la marque encore bien des années après l’aventure de nos Normands. Le merveilleux était un artifice dont usaient les scaldes pour épicer, corser leur récit et il ne trompait personne sur la valeur de l’ensemble. Le scalde cherchait à plaire et il employait dans ce but les deux leviers les plus favorables à l’époque, l’épopée et la fantasmagorie, l’un excusant l’autre, sans enlever le caractère de véracité du fond.