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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/26

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XX
INTRODUCTION


CHAPITRE IV


CIVILISATION NORDIQUE AU Xe SIÈCLE


Avant de passer à l’étude même de ces Sagas, il est utile de situer les faits dont elles traitent, c’est-à-dire de faire connaître les acteurs sur leur théâtre, dans leur siècle.

Le xe siècle fut dans le monde européen, la fin des âges barbares, et le commencement de l’évolution moderne, mais il est plus près des premiers que de la dernière.

Les peuples nouveaux, issus des grandes invasions, n’étaient pas encore dégagés de leur gangue et les vieux disparaissaient. L’empire romain agonisait à Byzance dans une voluptueuse décadence. Il avait laissé choir le flambeau civilisateur qui charbonnait, mais que d’autres mains allaient relever et rallumer.

En France, en Allemagne, Charlemagne l’avait déjà tenté. Mais trop tôt venu, il n’avait laissé que des successeurs incapables de poursuivre son puissant effort. En Angleterre, la lutte entre les anciens habitants déjà demi-civilisés et les pirates danois arrêtait tout essor. Le Nord était en proie aux luttes de clans, de roitelets, qui ravageaient autant les territoires de leurs propres sujets que les contrées étrangères.

L’intellectualité de l’Europe occidentale et centrale se cramponnait au christianisme, aux monastères, ultime refuge des hommes de quelque science. Par eux se transmettaient les traditions et les œuvres de l’antiquité. Ce fut, à la fois, un grand bien et un mal. Grand bien, parce qu’à ce foyer, la Renaissance, héritière des Grecs et des Romains prit l’étincelle créatrice. Mal, peut-être, parce que ce fut un moule uniforme où se perdit