Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXI
INTRODUCTION

Les femmes font d’ailleurs montre de sentiments aussi vigoureux que les Vikinga, souvent fort beaux, mais parfois détestables. Le livre de Mme Williams donne quelques traits typiques que je ne puis m’empêcher de rapporter :

Gyda met comme condition de son mariage avec Harold aux beaux cheveux qu’il se rende maître de toute la Norvège.

Sigrid « la hautaine » tient ce surnom d’un drame d’amour. Poursuivie par deux prétendants dont les assiduités l’importunaient, elle les attire dans une maison, y met le feu et les brûle.

Hallgerda, dans la Saga de Njal, a fait massacrer ses trois premiers maris. D’où vendetta dont Njal et ses fils sont victimes.

Aud tient absolument à s’habiller en homme. Son mari répugne à ce travestissement et préfère le divorce. Elle le tue.

Un des plus beaux traits est donné par Thorberga, l’épouse de Njal. Son mari poursuivi par la vendetta est entouré dans sa maison à laquelle ses ennemis ont mis le feu. Il va mourir dans les flammes. Elle se jette dans le foyer pour mourir avec lui.

Un autre est fourni par Aud, la femme de Gisla. Gisla est traqué par ses ennemis. Il se réfugie dans une anfractuosité, dans la paroi d’une falaise. Auda, sa femme connaît sa retraite et les ennemis le savent. Ils lui offrent de l’argent pour trahir le secret. Aud refuse et voyant ces ennemis sur la bonne piste, elle défend héroïquement le chemin.

Ces exemples suffisent à prouver que la race possédait, non seulement une énergie farouche, mais aussi de belles qualités. Par ailleurs, les femmes suivaient généralement leurs maris dans leurs expéditions maritimes les plus osées et les aidaient aussi bien dans la vie journalière que dans les luttes les plus sauvages. Nous verrons le courage de Gudrid, dans la Saga de Karlsefni, au cours d’une attaque des Indiens.

Le goût du voyage est le penchant instinctif des Normands. Intrépides et audacieux, ils sont essentiellement nomades. Leur amour du négoce les pousse au mouvement, à l’aventure. De tout temps, ils furent des commerçants habiles. En général, ils partagent leur existence entre la vie à la ferme et le voyage de négoce (ainsi Bjarni dans la Saga d’Eirik). Ils n’hésitent pas à aller fort loin avec