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XXXIII
INTRODUCTION

bissé au bout du mât, ou mis en évidence en était le signal. On pouvait commercer en paix, tant qu’il était visible. L’affaire terminée, le bouclier était amené ou tourné du côté où se voient les dessins aux vives couleurs, gare au pillage, à l’attaque et au massacre, le commerçant est redevenu le pirate sans scrupule.

Le commerce avait ses routes déterminées, mais parfois fort difficiles à guivre et à reconnaître.

On a pu en identifier quelques-unes :

Une route maritime et fluviale : golfe de Finlande, Néva, lac Ilmen, Dniéper et mer Noire.

Une route fluviale et terrestre : Elbe, Oder, la vallée du Danube, les cols des Alpes et d’Italie.

Les grandes routes maritimes qui, par la Manche, menaient vers l’Espagne, et même, dit-on, l’Afrique.

Enfin, les grandes voies de l’Océan et l’Islande, puis le Groenland.

Les Normands, en dehors d’une géographie fort rudimentaire, devaient avoir sans doute des amers, des repères. Par dessus tout, ils jouissaient d’un sens profond des directions, qualité innée des primitifs. Ce sens leur était d’autant plus indispensable qu’ils n’avaient aucune connaissance scientifique et que la boussole était encore inconnue en Europe.

Sur terre, tout comme nos explorateurs, ils se servaient sans doute de guides. Leur système d’information était, paraît-il, remarquable [33]. C’est, nous le savons, un des talents spéciaux aux peuples germaniques. Sur mer, ils se dirigeaient d’après l’observation des astres. Ils les connaissaient d’ailleurs assez mal, ne savaient presque rien sur le système général. Ils faisaient de vagues observations astronomiques, sur la hauteur du soleil et la durée des jours.

Ces connaissances leur suffisaient pour faire des croisières qui étonnent encore par leur grandeur et l’audace qu’elles révèlent.

Hors de ces goûts marqués pour les aventures de mer, le pillage et le négoce, le Normand avait des goûts plus affinés. Nous avons parlé déjà de ses dispositions pour la poésie et même dans une