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XXXIV
INTRODUCTION

certaine mesure pour la musique. Le peu de vestiges d’art qui restent, consistent surtout en bois sculptés et ils sont intéressants. Malheureusement, la matière en était fort périssable. Son architecture paraît avoir été simple, mais si l’on s’en rapporte à l’effloraison de l’art normand dans notre province de Normandie et dans certaines régions de l’Angleterre, on est amené à penser que les Vikings possédaient à l’état latent un substratum de brillantes qualités artistiques qui ne demandaient qu’à éclore.

Ils savaient distinguer et admirer les beaux tissus que Byzance produisait et dont se revêtaient volontiers les Jarls et les riches marchands. Les beaux cuirs d’Espagne que les Maures avaient importés étaient aussi des objets fort prisés. Il est probable que le marché de l’ivoire les avait amenés à estimer les merveilleux objets qu’on travaillait alors dans les Flandres.

En somme, malgré une civilisation rude et guerrière, le Normand montrait des qualités comparables à celles de la plupart de ses voisins, que n’avait point influencés essentiellement la civilisation gréco-latine.

LES CONNAISSANCES

Par contre, si ces qualités étaient déjà perceptibles, les connaissances scientifiques demeuraient très rudimentaires. L’astronomie, la science la plus immédiatement utile aux navigateurs, se bornait à quelques observations grossières. Les sciences naturelles étaient à peu près inconnues. L’histoire était plutôt un recueil de récits historiques, d’ailleurs fort goûtés par le peuple, et de racontars à l’usage des gens de rang plus élevé, qui pouvaient recevoir les voyageurs de passage et les faire causer sur les pays étrangers.

Enfin, la géographie était peut-être la partie des connaissances la plus avancée, du fait même de l’existence nomadique de la plupart des Normands. En tant que science, elle était rudimentaire, mais il semble que leur sens géographique était développé. C’était plutôt un flair de loup de mer, un instinct de navigateur