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la découverte de l’amérique

neigeuses qui se trouvaient dans l’intérieur, c’était un pays de roches plates depuis la plage jusqu’aux montagnes et la contrée semblait entièrement dépourvue de bonnes qualités. Alors Leif leur dit : « On ne pourra pas dire que nous avons agi ici comme Bjarni et que nous ne sommes pas descendus à terre. Je veux donner un nom à cette terre, je l’appellerai Helluland (pays des pierres). Ils retournèrent au navire, prirent le large et trouvèrent une I. Ils l’accostèrent encore, jetèrent l’ancre, mirent le canot à l’eau et abordèrent. C’était un pays plat et boisé, où il y avait de grands espaces de sable blanc, ils y allèrent, la terre était en pente douce vers la mer. Leif dit alors : « Ce pays doit porter un nom conforme à sa nature et nous l’appellerons Markland (pays plat et boisé) ». Ils retournèrent au navire et prirent la mer avec un vent du Nord-Est. Ils naviguèrent deux doegr, avant de revoir une terre. Ils se dirigèrent dessus et arrivèrent à une île qui se trouvait au Nord de la terre. Ils y abordèrent et l’explorèrent, le temps était bon et ils virent de la rosée sur l’herbe. Ils touchèrent la rosée[1] avec leurs mains et leur bouche et il leur sembla qu’ils n’avaient jamais rien goûté auparavant d’aussi agréable. Ils regagnèrent leur bateau et arrivèrent à un détroit situé entre cette île et un cap qui pointait vers le Nord, ils dépassèrent le cap vers l’Ouest. À la basse mer, il y avait de grandes étendues de hauts fonds, et ils échouèrent leur bateau ; il y avait une grande distance du bateau à la mer[2]. Ils étaient si désireux d’aller à terre qu’ils ne purent attendre que la marée revint sous leur bateau, ils coururent à la terre à un endroit où une rivière coulait d’un lac.

Dès que la marée souleva leur navire, ils prirent le canot et ramèrent jusqu’au navire, qu’ils amenèrent sur la rive et dans le lac, où ils jetèrent l’ancre. Ils descendirent leurs hamacs à terre et se construisirent de grands abris. Ils décidèrent de s’y installer pour l’hiver et bâtirent de grandes huttes. Il ne manquait pas là de saumons, tant dans la rivière que dans le lac, et

  1. Peut-être le « honey-dew », le miélat.
  2. La mer se retirait loin, une des caractéristiques de la baie de Saint-Laurent.