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Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/168

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nouvelle doctrine. Plusieurs se sentaient déjà fortement ébranlés, presque convaincus même, et approuvaient la religion de Piek-i. D’autres, pour différents motifs, lui opposaient des objections sans valeur devant les réponses péremptoires de l’éloquent docteur, et se retiraient le cœur blessé à la vue de leur science et de leur réputation de sages mises en danger. Ils résolurent donc d’amener plusieurs docteurs des plus fameux à se mesurer avec Piek-i pour le retirer de ses nouveautés, qui séduisaient déjà beaucoup d’esprits droits. Pendant trois jours ils discutèrent avec lui dans une conférence très solennelle ; mais ce fut pour le triomphe de la vérité, car toute leur science et leur ardeur n’aboutirent qu’à montrer à tous la supériorité de Piek-i. « Lui, en effet, ajoutent les relations coréennes, toujours d’accord avec lui-même, dans ces joutes de l’esprit, n’avançait rien sans le prouver. Sa parole claire et lucide portait partout la lumière ; son argumentation brillait corme le soleil, frappait comme le vent et tranchait comme le sabre. »

Il y avait alors un célèbre docteur nommé Kouen, l’aîné de cinq frères tous remarquables par leur grande science. C’était lui qui avait été le promoteur des fameuses conférences de la pagode, dont nous avons parlé plus haut. Piek-i désirait vivement le gagner. Il alla donc le trouver chez lui et fit briller avec tant de charmes la vérité aux yeux du célèbre docteur, qu’il le laissa convaincu complètement. Celui-ci toutefois, craignant l’opinion sans doute, ne voulut pas encore se déclarer ouvertement pour la nouvelle doctrine. Son troisième frère fut plus courageux, et se décida à mettre sur-le-champ sa conduite d’accord avec ses convictions. Il demanda donc le baptême et résolut de se dévouer, avec Piek-i, à la prédication de l’Évangile.

Leur ami commun, Pierre Seng-houn-i, versa lui-même l’eau sainte sur la tête des deux nouveaux apôtres. Piek-i, comme un autre précurseur, avait préparé l’œuvre de la conversion de la Corée : il prit le nom de Jean-Baptiste au baptême. Kouen, qui désirait se donner tout entier à la prédication de la vérité, prit saint François Xavier pour son modèle et son patron. Leur exemple, appuyé des plus vives sollicitations auprès de leurs