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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/13

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l’affaire sougraine

Alors, sur la terre imprégnée du sang de leur compagnon, ils tombèrent à genoux et leur voix tremblante et pleine de larmes implora la protection de Marie, la consolatrice des affligés.

Au même instant, dans la lueur mourante du feu, ils virent apparaître un homme. Il était grand, jeune, et de toute sa personne se dégageait un mélange charmant de douceur et de dignité. Ses cheveux tombaient en boucles noires sur son cou, sa lèvre était garnie d’une fine moustache et son menton, d’une barbiche. Il n’avait point la peau jaune des indiens ; cependant il était basané. Son regard n’était pas oblique et fuyant comme le regard du sioux, mais ferme et droit. Il portait un poignard à sa ceinture.

Dès qu’il parut plusieurs revolvers se braquèrent sur lui.

— Arrêtez ! fit-il, en levant la main, arrêtez ! J’appartiens à la tribu sanguinaire qui vient de tuer l’un de vos amis, mais je réprouve son action. Je suis chrétien.

À ces paroles une grande joie remplit l’âme des voyageurs.

— Vous nous sauverez ! s’écrièrent-ils… n’est-ce pas ? vous nous sauverez.