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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/138

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l’affaire sougraine

Léontine. Quand on est dans les affaires on ne saurait être trop prudent.

En sortant de chez son ami, Vilbertin se dit en lui-même.

— Il va mordre à l’hameçon.

Il revint à la haute ville par la côte de la Montagne et, malgré le froid, il avait des sueurs au front.

— Il est toujours malaisé de monter, pensait-il.

Rodolphe, grâce à la scène que lui avait faite monsieur D’Aucheron, était rentré de bonne heure chez lui. Il habitait une petite chambre bien éclairée, mais peu chauffée, dans les mansardes d’une haute maison de la rue St George, près du grand escalier. Il n’avait pas reposé de la nuit. Le dépit, l’inquiétude, l’amour tourmentèrent son âme pendant de longues heures. Le souvenir de Léontine le consolait cependant, et les injures des D’Aucheron ne pesaient guère quand il les mettait en regard de cet ineffable délice. Les D’Aucheron, que pouvaient-ils lui faire ? Il s’en moquait bien. C’est vrai ; mais ils s’irriteraient contre leur fille à cause de ses résistances, et peut-être, pousseraient-ils la vilenie jusqu’à la maltraiter. Voilà ce qu’il faudrait empêcher. Com-