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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/15

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l’affaire sougraine

— Vous emmenerez avec vous une jeune fille de votre pays qui se trouve dans mon wigwam depuis quelques jours, et vous la rendrez à ses parents. Elle est en ce moment sur le rocher avec ma femme. Ce sera ma femme qui vous conduira. Elle veut s’en retourner au bord de la mer d’où vient le soleil, car c’est là qu’habite sa vieille mère. Elle a une enfant, une petite fille de six mois qu’elle porte dans sa nagane, sur son dos. Vous prendrez soin de l’une et de l’autre ; vous défendrez la mère et l’enfant si elles ont besoin d’être défendues. Moi, j’irai vous rejoindre dans la prairie aussitôt que les sioux auront oublié le mécompte que je leur prépare en ce moment. Si je partais avec vous ils me soupçonneraient. À leurs yeux la sainte action que je fais est un crime.

L’un des voyageurs s’avança, c’était Léon Houde.

— Je jure, dit-il, de protéger ta femme et ton enfant, et, s’il le faut, je me ferai tuer pour les sauver.

— Merci, fit l’indien. Et il continua :

— Ne soyez pas surpris de me voir vous parler comme je le fais. Je vous l’ai dit, je suis chrétien. Le sang indien n’est pas le seul qui coule dans mes veines ; il est mêlé au sang espagnol. Ma mère