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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/26

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l’affaire sougraine

la carte ne le dit pas mais toute la ville le sait. On veut fiancer mademoiselle D’Aucheron… Pauvre enfant !….

Pourquoi choisir le vendredi, par exemple ? Pour braver la superstition, je suppose… « Tel rit vendredi, dimanche pleurera. » Monsieur D’Aucheron ne veut-il pas se faire élire député pour un comté quelconque ? Il ne serait pas difficile sur le choix… Il arrivera car il a du toupet et il donne des bals. Mais « Mesure la profondeur de l’eau avant de t’y plonger. » Les grands de notre petit monde vont se pavaner dans ses salons. Si quelques uns de nos ministres s’y trouvent je les aborde. Il faut qu’ils me promettent de donner à nos institutions de charité une subvention plus généreuse. « Qui donne aux pauvres prête à Dieu. » Ce sera de l’argent bien placé. Et personne au monde n’est plus reconnaissant que le bon Dieu. Il peut empêcher une crise ministérielle en inspirant l’esprit de soumission aux brebis rétives, et retenir au pouvoir pendant tout un parlement, au grand ébahissement du public qui n’y voit goutte, un ministère politiquement condamné. J’irai au bal, oui, j’irai… Pourtant, je n’irai pas, non, je n’irai pas.