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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/27

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l’affaire sougraine

Tout en monologuant le brave instituteur marchait, les mains derrière le dos, dans la petite pièce qui lui servait de salle d’étude. Sa femme l’entendait bien mais s’inquiétait peu, vu qu’il avait l’habitude de se parler ainsi à lui-même. Pourtant, quand il répéta d’un ton ferme : J’irai, oui, j’irai !… Je n’irai pas !… non, je n’irai pas !… elle ne put résister à la curiosité, entr’ouvrit la porte et lui demanda où donc il se proposait d’aller et de ne pas aller. Tu me fais songer, ajouta-t-elle en riant, à…… Elle n’eut pas le temps de finir.

— Au bal, ma chère, c’est au bal que nous allons demain soir. Tiens, vois.

Il lui mit sous les yeux la carte d’invitation.

— Les D’Aucheron sont bien aimables, reprit madame Duplessis, mais je ne vais pas à leurs soirées

Attention, femme, « Il vaut mieux tomber de cheval que de la langue. »

— Je ne vais pas à leurs soirées, de même que je ne vais pas aux soirées des autres. Je ne vais jamais dans le monde, tu le sais bien.

— Moi non plus, ma femme, mais il pourrait se faire que j’irais demain. Les élections approchent et il y aura de la politique dans les entr’actes. J’ai des