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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/316

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l’affaire sougraine

malgré elle, ses rêves de vanité, d’ambition de richesses, de luxe… et sa fille redevenait une chose à exploiter…

La Longue chevelure fut amené chez le docteur Rodolphe. Il éprouva d’abord un mieux sensible puis une rechute. Une fièvre brûlante s’empara de lui. Il eut le délire.

Léontine se tenait à son chevet, et quand Ida revenait de sa classe, elle remplaçait son amie pour lui permettre de se reposer un peu. Le soir, elles veillaient toutes deux avec un dévouement d’enfants pour un père bien-aimé. Tour à tour, avec des linges imbibés d’eau froide, elles lavaient le front et la tête du malade ; elles mettaient de la glace sur ses lèvres enflammées par la fièvre. Puis elles priaient avec une ardente ferveur. Rien n’était touchant comme de voir ces deux anges de la terre disputer à la mort sa victime. Parfois la mort vaincue s’éloignait et l’espérance rentrait dans l’âme des jeunes filles. Le médecin luttait aussi de toutes les forces de son énergie, de toutes les ressources de la science… La lutte était étrange et belle.

Là-bas, dans la ville, trois êtres misérables se cherchaient comme les ombres cherchent les