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l’affaire sougraine

par la fenêtre et ne vit qu’une vieille femme qui allait et venait dans l’unique pièce. Il entra.

— Bonjour, monsieur, dit la vieille femme avec cette bonne politesse qui ne se perd pas encore dans nos campagnes…

— Ma bonne mère, dit Sougraine, veux-tu me donner un morceau de pain, pour l’amour du bon Dieu…

— Pour l’amour du bon Dieu on donne toujours, répondit la vieille en se dirigeant vers la huche.

Elle prit du pain.

— Si vous avez besoin de souper, dit-elle, bien que je n’aie pas grand’chose, je puis toujours vous offrir un morceau de lard. L’eau est chaude, je pourrai aussi vous faire un peu de thé.

— Tu es bien bonne, la mère, mais on est pressé, répondit Sougraine, un peu de pain pour manger en allant, cela va suffire…

Cette grande hâte n’était pas naturelle. La vieille eut un soupçon et se mit à fixer l’inconnu. Elle savait que Sougraine était dans les environs.

L’abénaqui s’agitait et regardait souvent du côté de la porte…