Aller au contenu

Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
l’affaire sougraine

bientôt dans le monde, t’exposerait à bien des mécomptes. Je ne voudrais pas que l’on pût me reprocher une lacune quelconque dans ton éducation.

— J’aimerai mon mari, je le laisserai parler et agir à sa guise ; j’aurai soin de sa maison pour qu’il y revienne toujours avec bonheur, ce sera ma politique….

— Je me disais cela, moi-même, dans le temps, mais j’ai bien compris plus tard toute l’influence que la femme peut exercer sur les hommes publics. J’ai compris mon époque, et je ne suis pas demeurée inactive. C’était aussi par intérêt pour mon mari que je travaillais. Je voulais le sortir de la foule des misérables où il peinait, sans espoir. Aujourd’hui tu vois quelle position nous avons conquise. Nous sommes montés haut, laissant au-dessous de nous ceux qui furent nos égaux. La fortune passait, j’ai su lui ouvrir la porte. Plus chanceuse que moi, tu as reçu, par mes soins, une instruction parfaite — je ne te la reproche point — et tu vas du premier coup — grâce toujours à mon habileté — atteindre le faîte de la grandeur. Comme tes amies vont te porter envie ! C’est là le plaisir : faire crever de jalousie tous ceux qui nous connaissent.