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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/72

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l’affaire sougraine

— Je ne tiens à faire mourir personne. D’ailleurs, ce ministre ne recherche-t-il pas votre argent plutôt que votre fille ?

— Notre argent ! si tu savais avec quel accent passionné il m’a parlé de toi. Au reste, il dit qu’il sera ministre aussi longtemps qu’il le voudra. Il n’est point de ces esprits étroits qui s’attachent irrévocablement à un parti, à une idée. Il croit qu’il faut savoir changer avec les temps et les circonstances, se modifier sur les nécessités ou les intérêts nouveaux qui surviennent. Il a l’esprit large, il est sans préjugé ; tu le connaîtras.

— Je le connais assez déjà.

— Ton père qui est tout à fait son intime, a dû te dire déjà comme il est surprenant ce garçon, ce monsieur, dis-je, cet honorable Monsieur.

— Il ne me surprendra point.

— Montre-toi charmante comme toujours, qu’il devienne fou de toi. Prends bien garde de donner des espérances à ce petit freluquet d’étudiant. On t’a permis de l’inviter, mais on avait une intention. On veut qu’il sente toute l’ironie de sa position et tout le ridicule de ses démarches.

— L’étudiant d’hier est un docteur aujourd’hui, mère.