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PICOUNOC LE MAUDIT.

X

LE LIÈVRE QUI COURT.


Les Couteaux-jaunes, s’éloignant de la rivière Athabaska, s’enfoncèrent dans la forêt. Le Hibou blanc ne regrettait ni la fuite de Baptiste son premier prisonnier, ni la mort de plusieurs guerriers de sa tribu, tant il était fier d’avoir capturé le grand-trappeur ; et, enivrée par le succès, joyeuse et insouciante, sa troupe marchait en chantant vers le lac Noir, à l’est du grand lac Athabaska. Le grand-trappeur suivait ses bourreaux avec la résignation d’une victime que tout espoir a abandonnée. Il avait, pendant de longues années, été la terreur de plus d’une tribu indienne, car il s’était fait le vengeur des persécutés ; et les Couteaux-jaunes, surtout, savaient la valeur de son bras et la finesse de son esprit. Souvent Naskarina, la traîtresse qui s’était réfugiée chez les ennemis de sa tribu, s’approchait de lui pour lui reprocher durement son intervention dans les affaires des deux tribus.