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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/240

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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Si tu avais permis au Hibou blanc de s’enfuir avec ma rivale, disait-elle, tu serais libre et parmi les tiens aujourd’hui. Tu seras mis à mort sur le bord du lac Noir, et, tôt ou tard, Iréma tombera entre nos mains.

Le grand-trappeur demeurait muet comme s’il n’eut pas entendu, et, sa figure bronzée ne laissait rien paraître des émotions de son âme. Il priait dans son cœur, et offrait à Dieu le sacrifice de sa vie en expiation de ses nombreuses offenses. L’homme qui a des sentiments de foi ne se trouve jamais faible en face de la mort. Le Hibou-blanc aurait bien voulu savoir qui était et d’où venait ce compatriote si fort et si redoutable ; mais, quand il osait le questionner, le grand-trappeur l’écrasait d’un regard de mépris.

Les indiens avaient marché pendant deux jours, chassant pour manger, entassant les branches de sapin pour dormir, et quatre jours encore les séparaient du lac Noir. Ils s’étaient arrêtés sur une hauteur d’où le regard embrassait une étendue immense, et, des guerriers faisaient sentinelles, car les Couteaux-jaunes avaient beaucoup d’ennemis et craignaient toujours quelque surprise. Pen-