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PICOUNOC LE MAUDIT.

froidis, et appeler, peut-être, un secours trop tardif. Le feu s’éteignait et il voulut aller ramasser de nouvelles branches sèches, quand, son pied s’embarrassant dans les chicots, il tomba sur la face et ne se releva plus.

Le missionnaire se hâta de fermer la plaie saignante, sur laquelle il appliqua un bandage de toile de lin, et fit prendre quelques gouttes d’eau de vie au malade que les indiens déposèrent sur une couche de branches près du feu. Les Sœurs de Charité veillèrent en prière toute la nuit, craignant qu’il ne mourût sans pouvoir parler et se confesser, car Kisastari était un converti. Le missionnaire lui donna l’absolution.

Le grand-trappeur était pensif ; il s’apercevait que les indiens le regardaient avec froideur et défiance et cela lui causait du chagrin. Il n’avait pu dire comment Kisastari était venu tomber ainsi, sous un coup presque mortel, près de ce feu mourant, seul, au bord de la rivière. Il avait raconté l’attaque des Litchanrés par les Couteaux-jaunes, et la captivité d’Iréma, mais il ne savait pas que le jeune chef, tombé d’abord sur le champ de bataille,