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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/64

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PICOUNOC LE MAUDIT.

Il fut tenté de lui dire ironiquement qu’elle était d’une réserve admirable, et qu’il comprenait la sottise qu’il avait faite en la soupçonnant ; mais il eut peur de ne pouvoir assez bien dissimuler son ressentiment aux yeux des amis, et de se laisser emporter par la colère, il demeura silencieux et sortit. Noémie qui avait jusqu’alors partagé l’enjouement général, devint pensive tout à coup, car elle devina le mécontentement de Joseph. Elle fut tentée de voler sur ses pas pour le ramener à la noce, ou s’en aller avec lui, mais elle aussi eut peur d’éveiller l’attention. Le plaisir qu’elle goûta ensuite fut mêlé d’amertumes, et elle se fit violence pour ne pas laisser voir les larmes qui se cachaient dans ses sourires. Picounoc fut joyeux. Il faisait semblant d’adorer sa nouvelle épouse, ne la laissait point, se montrait empressé auprès d’elle et la comblait d’attentions. Aglaé ne comprenait guère son bonheur, tant il était grand. Elle se croyait aimée pardessus toute chose, et ne trouvait rien au monde de comparable à Picounoc. Elle en voulait à l’ex-élève qui l’avait conseillée de renoncer à son amour, disant que Picounoc n’était ni franc, ni sincère.