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PICOUNOC LE MAUDIT.

Jamais jeune épousée n’a vu la vie lui apparaître plus riante et plus belle, pensait-elle, et, je n’échangerais pas ma destinée contre celle d’une reine. Le bonheur d’un roi ou d’une reine — aux yeux du vulgaire — est l’idéal du bonheur ici-bas. Erreur grossière, car le bonheur ne consiste ni dans la gloire, ni dans la puissance, ni dans la richesse, mais seulement dans la paix de la conscience et la soumission à Dieu. Entrez dans les palais, approchez des trônes, et vous verrez presque toujours des fronts soucieux, des regards inquiets, des âmes troublées, qui s’affublent d’un masque joyeux pour se montrer au monde. Ouvrez la porte de la chaumière, souvent vous serez étonnés du calme et de la paix qui rayonnent sur la figure des pauvres de la terre, qui s’empresseront de vous offrir une part de ce pain de chaque jour qu’ils ont demandé à Dieu dans leurs prières. Le soir de la noce Joseph ne parla pas à sa femme ; il la boudait. Il ne fit pas sa prière aussi longue, ni aussi bien que de coutume, car on prie mal quand on se laisse dominer par une passion. Noémie pria longtemps et fut agréable au Seigneur. Mais Dieu ne détourna point de sa