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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/258

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tonkourou

Une svelte chaloupe est pendue au bossoir.
On la descend. Alors un homme y vient s’asseoir.

Comme un vase trop plein son cœur joyeux déborde.
Il rame avec vigueur, et la chaloupe aborde,
Vacillant sur sa quille, un lit de sable blanc.
Elle penche aussitôt et reste sur le flanc.
Et l’homme se sentit, en touchant cette terre,
Profondément ému comme en un doux mystère ;
Il promenait ses yeux sur les champs d’alentour,
Et les champs paraissaient sourire à son retour.

L’église au bord du cap dressait son large faîte,
Et la cloche sonnait comme au jour d’une fête.
Il entra, prit l’eau sainte et se mit à genoux.
Enveloppant l’autel d’un rayon calme et doux,
La lampe d’or semblait l’œil de la Providence.
Les burettes d’argent sur l’étroite crédence
Attendaient le retour du sacrificateur.
Un tapis s’étendait sur les degrés du chœur ;
Un plateau précieux, éblouissant de lustre,
Deux cierges, deux bouquets décoraient le balustre.



Et la noce s’avance à travers le gazon.
Les curieux du bourg ont laissé leur maison
Pour la voir défiler de plus près à leur aise.